Présentation du Festival
Depuis bientôt 20 ans, au fil de ses nombreuses évolutions, la manifestation littéraire créée
en 2000 par l’écrivain Maryse Condé et l’industriel Amédée Huyghues Despointes pour célébrer
la littérature reste inspirée de leur idéal de rencontre, d’échange et d’ouverture.
Les horizons géographiques, les univers imaginaires de plus d’une cinquantaine d’écrivains
venus depuis lors dialoguer avec le public témoignent de la fidélité à cette philosophie.
Reliés par des affinités profondes, leur confiance commune dans la force des mots et des
histoires, les auteurs partagent avec le public les promesses de leurs ambitions
romanesques, suscitent l’intérêt pour la création littéraire contemporaine, le goût de la
lecture, proposent des ateliers d’écriture en direction de la jeunesse.
S’il fait rêver de toutes sortes d’aventures et de voyages, le Festival toutefois rayonne en
archipel autour d'un point fixe : la foi dans la capacité de la littérature à formuler ou
inventer le monde et, depuis un port d'attache, la Guadeloupe avec, pour cette édition une
avant-première à la Martinique et deux escales, l’une à Marie-Galante, l’autre à
Saint-Barthélémy, pour écrire, dans une perspective d’avenir, un nouveau chapitre de son
histoire.
Inédit à chaque édition, le motif romanesque de 2019 témoigne du pouvoir, voire du sortilège
de la littérature. L’écriture réalise en effet le miracle d’être l’expression de la plus
extrême singularité d’un créateur et de parler pourtant au plus grand nombre, de dire à la
fois dans un entremêlement de songe, de fantaisie ou de réalisme les douleurs comme les
splendeurs de la vie. À l’image de cette puissance magique, les ouvrages qui composent
l’univers mosaïque de l’édition rendent la diversité du monde sensible aux lecteurs, le
transforment par l’imaginaire, l’incarnent par la langue, le tempo, dans l’espace de
l’originalité du roman, par nature lieu de la crise, dans sa fécondité et son tourment.
Ainsi David Foenkinos, Prix Renaudot et Prix Goncourt des Lycéens 2014, nous invite à
cheminer avec délicatesse Vers la beauté dans les pas de son héros en quête d’une
guérison,
d’une consolation quand, Gaël Octavia, suggère dans La fin de Mame Baby l’art
qu’ont les
femmes de prendre soin les unes des autres, de se haïr et de s’aimer. Dans une veine
historique revendiquée, la saga du roman Les Passagers du siècle à laquelle Trafiquants
de
colère fait suite, Viktor Lazlo fait écho aux tragédies mondiales qui bousculent
les destins
et les vies.
De mémoire plus autobiographique il en est aussi question dans Manifesto où Léonor
de
Recondo érige un tombeau singulier à son père, dans une cérémonie des adieux où s’invite la
figure romanesque et bouleversante d'Hemingway.
Dans un autre registre, foisonnant et sensuel, Mayra Santos-Febres ressuscite pour sa part
avec La maîtresse de Carlos Gardel, l'icône du tango argentin et, nous entraîne
sous les
tropiques dans une fugue ensorcelante.
Au miroir des légendes corsaires, Miguel Bonnefoy, jeune auteur lauréat du Prix de la
Vocation et pensionnaire à la Villa Médicis évoque à son tour dans Sucre Noir
d’autres
mirages des terres à sucre tandis que, toujours de ce côté de la Caraïbe, Gary Victor écrit
avec Masy une farce grotesque qui accuse l’érosion de pays gangrénés par la corruption et la
volonté de puissance des dirigeants.
Quand, Des Hommes en noir surgissent sous la plume de Santiago Gamboa c’est aussi
pour se
mouvoir dans l'exubérance d’histoires ancrées dans les territoires plus âpres d'une Colombie
en proie à des cauchemars alors que l’écriture de Makenzy Orcel, jeune espoir de la scène
haïtienne, éclaire Maître-Minuit au feu des puissances magiques du vaudou.
Aux antipodes de la géographie, Ali Zamir dans sa langue intrépide et tumultueuse, déploie
comme en une fable dans Dérangé que je suis, les mésaventures tragi-comiques d’un
docker des
Comores là où Véronique Ovaldé, sur la toile de fond de l’Alsace, accompagne dans Personne
n'a peur des gens qui sourient, une cavale au pays de l’inquiétude avec la malice d’une
conteuse.
De façon plus réaliste enfin, Douglas Kennedy peint dans La Symphonie du hasard,
une fresque
en trois livres des années soixante-dix à quatre-vingt, les drames et les secrets d’une
famille, ce royaume d’intrigues et de guerres intestines cher au romancier des couples en
rupture.
Toutes les Amériques sont ainsi arpentées pour éprouver le pouvoir et les sortilèges de la
littérature : l'Amérique caribéenne de l'interpellation poétique, l'Amérique du sud de la
violence et du rêve ; mais aussi l'Amérique abstraite, comme l'autre nom du désir de
liberté, de fuite, de recommencement et d'aventure tandis que s’invite de l’autre côté du
vaste océan, la puissance d’écritures à l’équilibre de l’exubérance et du drame, où se
réunissent l’envers et l’endroit de personnages hors du commun.
Dans les forêts de signes et de symboles qu’ils nous laissent à déchiffrer, dans ces chemins
de traverse qu’ils ouvrent à l’imaginaire, le jeune public trouvera nécessairement un chemin
pour venir à la rencontre des auteurs du Festival qui, édition après édition, s’appliquent à
créer aussi l’indispensable rencontre entre les scolaires et l’écriture contemporaine.
À la faveur d’un rythme désormais annuel qui cristallise une impatience et de nouvelles
attentes, l’édition 2019 amplifie aussi sa durée, son territoire d’action et son
rayonnement.
À la Martinique, Viktor Lazlo à l’origine du projet d’avant-première, accompagnée de six
auteurs, se constitue en ambassadrice du Festival sur l’île de son cœur et de ses racines.
Du jeudi 14 au dimanche 17 novembre, du nord au sud, de nombreuses propositions de
rencontres publiques et scolaires émaillent un programme significatif de l’esprit de
l’édition 2019 et de la vocation d’ouverture du Festival. Cette avant-première initiée par
la mairie du Lamentin et soutenue par de nouveaux partenaires renoue avec la tradition
d’itinérance de la manifestation dont témoignent aussi les escales inédites de Marie-Galante
et de Saint-Barthélemy.
Avec ses lieux de rendez-vous littéraires inédits, le Festival investit de nouveaux espaces
d’échange : la librairie FNAC de la Martinique accueille des écrivains une après-midi durant
tandis que d’autres sites représentatifs du patrimoine architectural comme le Marché couvert
à Saint-Pierre, les Plantations Saint-James à la Martinique ou la Chapelle Néron et le
théâtre Courtes Lignes à la Guadeloupe, ouvrent leurs portes à la manifestation alors qu’une
petite escorte d’écrivains est accueillie au théâtre Paradis sur l’île de Saint-Barthélemy
et au château Murat à Marie-Galante. Le Domaine de la Pagerie quant à lui prête son cadre à
la célébration festive et conviviale de la littérature le 17 novembre tandis que le site
historique de l’usine sucrière Beauport en est le point d’orgue le 23 novembre.
Pour sa part, le Centre Culturel Sonis des Abymes, partenaire de la précédente édition
devient le quartier général du Festival et offre quotidiennement des échanges avec les
écrivains dans le cadre de lectures et de grands entretiens. Menés par des journalistes
spécialistes en littérature et pour certains d’entre eux écrivains, ces entretiens sont
animés par Alexandra Schwartzbrod, directrice-adjointe de la rédaction de Libération,
MariJosé Alie, Nicolas Carreau, producteur de la Voix est livre sur Europe 1 et
Philippe
Vallet.
S’il gagne en amplitude d’action, le Festival reste fidèle à une programmation familière au
public avec ses conférences d’ouverture prononcées par des écrivains également passionnés
par des maîtres en littérature, ses séances de dédicaces grâce au partenaire libraire FNAC
investi dans la démarche du Festival, ses rendez-vous littéraires quotidiens déclinés en
salons, conférences, débats, lectures et ses ateliers d’écriture conçus pour les scolaires
qui, dans le cadre d’une vaste programmation en direction des classes de lettres et de
langues des établissements rencontrent jour après jour les écrivains.
Ouvert sur un monde caribéen lui-même miroir de tous les topiques possibles, le Festival 2019 gagne aussi en ambition grâce au renforcement de l’équipe des bénévoles qui en assurent l’organisation et la tenue, à la fidélité des partenaires qui s’engagent avec constance pour le faire vivre et rayonner, au soutien de nouveaux sponsors séduits par la vocation d’ouverture dans laquelle s’inscrit le Festival Écritures des Amériques avec notamment la création, à vocation pérenne d’une avant-première à la Martinique et l’horizon de futures escales dans la Caraïbe insulaire.
Puissent tous ses soutiens et ses acteurs, au rang desquels l’indispensable public venir partager les promesses d’émotions littéraires et de rencontres romanesques de l’édition 2019 !
LES AUTEURS INVITÉS DU FESTIVAL
BIO-BIBLIO AUTEURS
C’est par l’écriture de nouvelles que ce jeune auteur franco-vénézuélien se révèle au public avec la publication en 2009, de La Maison et le Voleur, Grand Prix de la Nouvelle de la Sorbonne, en 2011, de Naufrages, aux éditions Quespire, en 2013, d’Icare et autres nouvelles aux éditions Buchet-Chastel, Prix du Jeune Ecrivain. Mais, son talent de conteur se cristallise véritablement dans son premier roman, Le voyage d’Octavio, publié aux éditions Rivages en 2015 et couronné du Prix de la vocation et du Prix des cinq continents de la Francophonie « mention spéciale ». Nourri par son expérience sensible du monde et mû par la volonté de faire mieux connaître son pays, Miguel Bonnefoy publie l’année suivante Jungle, aux éditions Paulsen, le récit de sa traversée de la jungle vénézuélienne.
Sucre Noir, est son deuxième roman. À partir d’une scène inaugurale surréaliste : le naufrage d’un bateau de pirates des Caraïbes sur la canopée d’une forêt tropicale, le texte, dans une écriture luxuriante et sensuelle s’attache au destin d’une famille de planteurs animée par la recherche du légendaire trésor du pirate Henry Morgan. Héritier des grands auteurs de la littérature sud-américaine, Miguel Bonnefoy nous livre, avec ce roman-fable, finaliste du Prix Femina, une réflexion sur la quête du bonheur, qui résonne de manière lumineuse dans un pays où le mirage de la fortune a occulté les pépites cachées au fond des terres et des cœurs.
« Une saga, un portrait de femme, un récit d’aventure, un grand roman.{…} Bonnefoy est comme un peintre qui joue autant des aplats de couleur que de la matière, autant des motifs en grand large que des petites choses du quotidien. Et c’est dans ce brassage que le roman trouve sa force. Sans oublier, bien sûr, le souffle philosophique qui vient gonfler les voiles de ce conte aventureux {…} Miguel Bonnefoy est sûrement l’un des grands écrivains d’aujourd’hui et de demain. » Éric Libiot, L’Express, août 2017
Scénariste, réalisateur, dramaturge, Foenkinos est un artiste aux multiples facettes.
Auteur de La Délicatesse en 2009 publié chez Gallimard, son éditeur de
référence, il adapte à l’écran, avec son frère Stéphane Foenkinos, ce succès de
librairie vendu à plus d’un million d’exemplaires qui va propulser son auteur
dans le sérail des stars de la littérature.
Toujours en tête des meilleures ventes à
chaque actualité littéraire, il fait aussi paraître Je vais mieux en 2013 et
Le
mystère Henri Pick en 2016 adapté au cinéma en 2019.
Les romans de David Foenkinos réinventent un monde burlesque en décalage avec le réel et
dessinent des personnages sensibles, en butte avec la vie. Seul
l’art les console, les répare et leur permet de s’extraire du monde qui les oppresse.
Son œuvre est tantôt drôle, tantôt profondément tragique notamment
dans sa production récente. Ainsi dans Charlotte, qui lui vaut le Prix
Renaudot et le
Prix Goncourt des lycéens en 2014, il retrace l’itinéraire effroyable de
Charlotte Salomon, déportée dans le camp d’extermination d’Auschwitz et fait découvrir
sa peinture.
Vers la beauté, paru en 2018, prolonge la réflexion sur les pouvoirs
consolateurs de
l’art à travers un personnage dont la conversion inattendue en gardien de musée recèle
le secret
d’un autre destin, celui d’une jeune femme, Camille, hantée par un drame...
Sur le thème de la déception amoureuse et ses conséquences, Deux sœurs paru en
2019
dresse le portrait glaçant d’une femme abandonnée et trompée sur la nature d’une
histoire
d’amour qu’elle croyait merveilleuse et révèle au fil des pages la métamorphose de
l’héroïne.
« De la laideur du crime à la beauté picturale, le livre de David Foenkinos, Vers la beauté est un roman très réussi sur le saccage des âmes, puis la revanche de l’art » Bernard Pivot, Le JDD, mars 2018
Celui qui prétend que Pour écrire, il faut vivre intensément a mis en pratique cette affirmation dans une carrière internationale marquée par la force des expériences. Santiago Gamboa devenu l’une des voix les plus puissantes et originales de la littérature colombienne embrasse d’abord, après de solides études littéraires, une carrière de journaliste puis de diplomate au sein de la délégation colombienne à l’UNESCO. Attaché culturel en Inde, il vit ensuite un temps à Rome avant de revenir en Colombie, en 2014 après presque trente ans d’exil. Il prend part au processus de paix entre les FARC et le gouvernement et devient un redoutable chroniqueur pour El Espectador. Entré en littérature par un polar implacable : Perdre est une question de méthode publié en 1999 aux éditions Métailié, son éditeur en France, la vraie patrie de Santiago Gamboa reste le roman où la plume du romancier vibre au diapason du monde hostile qu’explorent, au gré des errances et des tribulations de leurs personnages Les Captifs du Lys blanc publié en 2002, Esteban le héros, en 2003 ou le Syndrome d’Ulysse en 2007. D’inspiration toujours intense et fiévreuse les titres se succèdent, notamment : Nécropolis 1209 publié en 2010 qui remporte le Prix La Otra Orilla, Prières nocturnes en 2014, Retourner dans l’obscure vallée en 2017.
Avec Des hommes en noir, Santiago Gamboa signe un formidable polar sous la forme d’une inquiétante enquête entre la Colombie, le Brésil et la Guyane française, au cœur des puissantes Églises évangéliques qui ont envahi l’Amérique latine, une intrigue musclée et spirituelle où l’ironie et l’humour viennent sauver la violence tragique héritée de la guerre civile.
« Il fut l’un des disciples de Gabriel García Márquez qui le poussa à écrire alors qu’il s’était engagé dans une carrière diplomatique pour fuir le chaos de son pays, la Colombie, ravagée par les exactions de la guérilla et des narcotrafiquants. {…} Gabo peut reposer en paix. Son disciple est au travail. » Serge Raffy, L’Obs, octobre 2017
Avec huit millions d’exemplaires vendus pour l’ensemble de ses titres, Douglas Kennedy, est l’un des auteurs favoris des Français et des lecteurs francophones. Il a d’ailleurs choisi de réserver la primeur de sa dernière œuvre, la plus ambitieuse : La symphonie du hasard, au public français. Après avoir grandi dans l’Upper West Side, étudié notamment à la Collegiate School, Douglas Kennedy devient régisseur dans les théâtres de Broadway avant de partir à Dublin cofonder une compagnie de théâtre pour rejoindre ensuite le National Theatre of Ireland. Mais l’écriture le taraude et au gré de certains échecs et de quelques succès d’estime, il lui faut attendre la sortie en 1994 de Cul-de-sac, publié dans la collection série noire chez Gallimard, porté à l’écran en 1997 par Stephen Elliot, réédité dans une nouvelle traduction sous le titre Piège nuptial chez Belfond en 2008, pour se faire connaître du public. L’homme qui voulait vivre sa vie, paru chez le même éditeur en 1998, connaît un succès international. Traduit en seize langues, le roman s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires et sera adapté au cinéma en 2010. Un même plébiscite accompagne la sortie en 2001 de La Poursuite du bonheur, suivi de nombre de romans qui de Rien ne va plus en 2002 à Mirage en 2015 constituent à chacune de leur sortie un phénomène éditorial.
Avec La Symphonie du hasard, une vaste suite romanesque publiée en trois livres, Douglas Kennedy fait vivre l’histoire récente des États-Unis, de 1971 à 1984, à travers la chronique d’une famille de la classe moyenne. Dans le dernier volume de cette trilogie conclue par un énigmatique à suivre, Alice, son héroïne continue ses apprentissages sur fond d’affaires de cœur et de relations familiales délicates dans une Amérique qui valorise plus que jamais les money makers.
« Une fresque haletante. Unissant petite et grande histoire, autobiographie et fiction, Douglas Kennedy réussit une fresque sociale et familiale pleine de trahisons, de mensonges et de culpabilité. » Christine Ferniot – Télérama, novembre 2017
Après la publication d’un récit : My Name is Billie Holiday en 2012 et de deux romans parus chez Albin Michel La femme qui pleure en 2010, récompensée par le prix Charles Brisset et, Les tremblements essentiels en 2015 qui évoque le monde bien connu de la chanson où l’auteur a commencé sa carrière artistique et remporté cinq disques d’or, Viktor Lazlo, également comédienne, au théâtre et au cinéma, se risque avec talent à embrasser dans un même élan romanesque la double expérience de la traite négrière et de la Shoah.
Avec Les Passagers du siècle publié chez Grasset en janvier 2018, l’auteur avait
tissé
une fresque romanesque sur cinq générations et trois continents. Les personnages, leur
filiation, en composaient les tableaux où l’urgence à vivre et à aimer faisait
apparaître en miroir les tragédies de l’histoire.
Dans une même veine qui confirme son art inné de la narration et de la composition à
plusieurs voix, Viktor Lazlo excelle également dans son prochain roman, Trafiquants
de
colère, à paraître en janvier 2020, à entremêler les destins tout en
s’attachant à la
toile de fond historique. Dans le deuxième volet de cette saga, les personnages seront
emportés dans la tourmente de la grande histoire au moment de la naissance de l’Etat
d’Israël et de l’avènement des libertés civiques pour les descendants d’esclaves aux
U.S.A.
« Viktor Lazlo nourrit une passion profonde pour la littérature et l’écriture, c’est indéniable, confie Martine Boutang son éditrice. Une passion également motivée par un désir de transmission. En même temps, ce doute d’elle-même, qui la tourmente, elle le transmet par le chant et l’écriture, avec cette fragilité qui vient de son histoire personnelle » Le Figaro Littéraire - Thierry Clermont, mars 2018
Dramaturge, nouvelliste, poète, réalisatrice, scénariste, peintre, dessinatrice… Gaël
Octavia est une artiste multiple qui explore le monde dans ses problématiques
contemporaines les plus universelles, sans jamais renoncer à son ancrage martiniquais.
Si l’écriture romanesque l’habite depuis toujours, c’est par le théâtre que le public la
découvre d’abord avec, entre autres pièces, Le Voyage, programmé à Avignon par
Greg
Germain en 2002, ou Cette guerre que nous n’avons pas faite, prix du meilleur
texte
francophone au concours ETC Caraïbes/Beaumarchais en 2013.
La fin de Mame Baby est son premier roman. Publié chez Gallimard en 2017, il a
obtenu la
même année la mention spéciale du jury du Prix Wepler. Gaël Octavia y compose
des
portraits de femmes - mères, filles, épouses, maîtresses - aux prises avec la violence
des hommes et du monde, avec celle du « Quartier » où elles vivent, s’aiment, se
haïssent, se soutiennent, et résistent. Le lecteur, plongé dans les mystères de ces
paroles de femmes entrecroisées, de ces destins indéfectiblement liés, est convié à «
l’Assemblée des femmes », où les mots reconstruisent patiemment les mémoires pour
approcher le secret de la mort de Mame Baby.
« {…} On est surpris par la maturité de ce premier roman détonant, inventif - avec notamment cette Assemblée des femmes -, au style affirmé, à la narration hypnotique. Quel tour de force ! {…} » Mohammed Aïssaoui, LeFigaro Littéraire, octobre 2017
Distingué une première fois par le Prix Thyde Monnier de la Société des Gens de
Lettres
pour son roman Les immortelles publié en 2010 chez Mémoire
d’encrier, Makenzy Orcel revendique « une langue qui tape, qui danse, qui transgresse ».
Sa manière de réinventer le monde dans une langue travaillée et
poétique lui vaut d’enchaîner les prix littéraires. Son roman Les latrines publié en
2011 chez le même éditeur est salué par la critique, quand, pour sa part
L’ombre animale publié en 2016 chez Zulma fait l’objet des Prix Louis
Guilloux et
Ethiophile. Il a, au titre de son œuvre été fait chevalier des arts et lettres
en 2017.
Maître minuit publié en 2018, également chez Zulma, figure dans la première
sélection du
Grand Prix SGDL dans la catégorie fiction.
Roman d’apprentissage, Maître minuit est une fresque sur le pouvoir politique qui aliène et la résistance qui s’impose à travers le destin de Poto, enfant volé dans une maternité par Marie Elitha Démosthène Laguerre, une junkie à la fois mère courage et mère indigne. Le récit nous entraîne à travers 50 ans d’histoire d’Haïti. Makenzy Orcel croise la petite histoire et la grande, celle de son héros, dessinateur acharné et celle de tous les haïtiens sous le joug des Duvalier. Le Maître minuit, est certes un géant légendaire inspiré par les figures du vaudou, mais c’est surtout « un homme qui reste debout, qui avance toujours quoi qu’il arrive. »
« Parmi les voix puissantes qui portent aujourd’hui la littérature haïtienne, aux côtés de ses prestigieux aînés aux noms de Laferrière, Trouillot ou Frankétienne, Makenzy Orcel fait claquer sa prose poétique, frontale et explosive. » Fabienne Lemahieu, La Croix, novembre 2018
Entrée précocement dans le monde de l’édition, côté fabrication après un BTS de l’école
Estienne, Véronique Ovaldé publie au Seuil en 2000 Le Sommeil des poissons, un
premier
roman qui dénote déjà les éléments caractéristiques de son écriture : un univers
imaginaire empreint de poésie et de symbolisme, des héroïnes aussi combatives
qu’attachantes, une narration exploitant les codes des contes traditionnels.
Des ouvrages comme Toutes choses scintillant paru aux éditions L’Ampoule en
2002,
Déloger l’animal en 2005 chez Actes Sud et, en 2008 aux éditions de L’Olivier
Et mon
cœur transparent, récompensé par le Prix France Culture/Télérama mettent
l’écrivain dans
une position éditoriale très honorable. Mais, Ce que je sais de Vera Candida
paru en
2009 chez L’olivier et lauréat de plusieurs prix littéraires dont le Renaudot des
lycéens, le Prix France Télévisions et le Grand Prix des lectrices de
Elle et, plus
récemment en 2016, Soyez imprudents les enfants, publié chez Flammarion donnent
à
Véronique Ovaldé une notoriété incontestable auprès d’un large public en France comme à
l’étranger.
Egalement édité chez Flammarion Personne n’a peur des gens qui sourient, parmi les cinq finalistes du Grand Prix RTL-Lire 2019, emporte le lecteur dans une histoire magnétique aux frontières du polar et du conte fantastique à travers le portrait d’une jeune femme éprise de liberté, prête à tout pour protéger ses filles d’un héritage familial dévastateur…
« Bien sûr, il y a l’histoire, mais il y a surtout la construction du livre et son écriture. Admirables l’une et l’autre » Bernard Pivot, le JDD, février 2019
Avant la plume, il y eut l’archet. Avant le roman, la musique baroque et l’opéra.
La sensibilité et la créativité de la violoniste Léonor de Récondo résonnent d’abord
dans son œuvre musicale, riche et récompensée. Elle étend ensuite son esthétique pleine
de finesse à l’écriture, comme une évidence, puisant notamment dans la transmission
familiale qui invite à « vivre pour la beauté du monde et le dépassement de soi par la
discipline artistique ». En musique comme en littérature - incontournables moyens de
consolation - cette habile interprète de l’Art et de la Beauté cherche à montrer «
d’autres regards transcendés ». Son œuvre littéraire éditée chez Sabine Wespieser dont
Rêves oubliés en 2012, Pietra Viva en 2013, Amours en 2015, Prix
RTL - Lire et Prix des
Libraires, Point cardinal en 2017, a suscité une reconnaissance publique
immédiate et
son dernier titre Manifesto figure parmi les dix romans de langue française
concourant
pour le Prix du Livre Inter 2019.
Le titre de ce dernier roman claque comme une injonction, un manifeste hispanisant qui
renoue avec la veine autobiographique de Rêves oubliés qui retraçait l’exil familial
pendant la guerre d’Espagne. L’auteur elle-même motive ce titre, présentant ce récit de
l’intime comme un « manifeste absolu de la vie ». Livre de deuil pourtant,
Manifesto
transfigure une nuit d’épreuve et de chagrin, celle de la mort du père, en un éloge
magnifique de l’amour et de la joie partagée. Deux narrations entrelacées et une
conversation à bas bruit avec Ernest Hemingway témoignent d’une écriture en quête
permanente de lumière, refuge ultime lorsque la vie vous secoue.
Avec La leçon de ténèbres, à paraître en janvier chez Stock dans la collection
Ma nuit
au musée, son imaginaire approchera cette fois la peinture de Gréco.
« {…} Chaque mot sonne juste dans ce texte vibrant sur le deuil. Clore une vie, avant d’en commencer une autre faite de souvenirs et de pensées, voilà ce que réussit parfaitement Léonor de Récondo dans ce corps à corps bouleversant » Kerenn Elkaïm, Livres Hebdo, novembre 2018
Poète, romancière, Mayra Santos-Febres est née à Porto Rico, où elle enseigne la littérature à l’université. Son premier roman, Sirena Selena vestida de pena, finaliste du prestigieux Prix Rómulo Gallegos est traduit et publié sous le titre Sirena Selena chez Zulma en 2017. L’auteur y peint avec justesse, dans une langue vibrante et colorée, la beauté des âmes excentriques, telle celle de son héros, une diva des quartiers gays de Porto Rico. La Maîtresse de Carlos Gardel pour sa part nous entraîne, le temps d’une tournée à Porto-Rico de l’icône du tango argentin, dans les pages foisonnantes et sensuelles que suscite sa rencontre magnétique avec Micaela, petite fille de la plus illustre guérisseuse de l'île. De ces quelques jours grisants comme une fugue enchantée, Mayra Santos-Febres a fait le roman superbe, ensorcelant, d'un grand destin de femme. Où l'on passe des bas quartiers aux hôtels de luxe, où les plantes font vivre ou mourir, où le tango prend corps et voix, où le désir est partout.
« Il faut un talent certain pour amener Carlos Gardel, le plus grand chanteur de tango
de tous les temps à côtoyer André Pierre Ledru, prêtre et botaniste français du 18 ième
siècle. Pour traverser Porto Rico de bout en bout, tout en réinventant l’histoire de la
pilule contraceptive. Pour écrire des passages magnifiques sur le pouvoir de la chanson,
tout en distillant dans ces pages un parfum d’ylang-ylang ou de cannelle.
Du talent, la romancière portoricaine Mayra Santos-Febres n’en manque pas, qui compose
avec ce deuxième roman traduit en français une histoire ensorcelante, portée par une
écriture exubérante et sensuelle ».
Yasmine Youssi, Télérama, mars 2019
Connu pour son style incisif et puissant, l’extraordinaire liberté de ses histoires, Gary
Victor a vu son œuvre inclassable récompensée par de nombreux prix notamment, en 2012,
le Prix Casa de las Americas pour Le sang et la mer publié chez Vents
d’ailleurs. A
travers une quarantaine de romans, polars, nouvelles, pièces de théâtre, Gary Victor
tisse des trames romanesques qui entremêlent réel et imaginaire, profane et sacré et
explore la violence sociale, les délires et confusions qu’elle génère par le biais de
fictions magnétiques comme Les temps de la cruauté, L’escalier de mes
désillusions ou
Maudite éducation parus aux éditions Philippe Rey, respectivement en 2017, 2014
et 2012.
Depuis Clair de Manbo, son premier roman publié chez Deschamps en 1990, jusqu’à
son
dernier titre, Masi, en passant par l’extraordinaire épopée de La piste des sortilèges
chez Vents d’ailleurs en 1996, ou, en 2013, chez Mémoire d’Encrier, Collier de
débris
qui revient sur le désastre du séisme et la lutte des survivants pour garder l’espoir,
un tourbillon de personnages habite un monde peuplé d’ombres, de fantasmes et de folies
où se déploie l’univers du romancier.
Avec Masi, Gary Victor signe une satire sociale et politique écrite avec humour qui sensibilise à la question de l’homosexualité et dénonce l’hypocrisie et la corruption des puissants, une farce au pouvoir sulfureux sur les bas-fonds de l’âme humaine.
« Dans cette comédie de mœurs à suspense, ce n’est pas seulement Haïti, mais l’homme face au pouvoir, à l’éthique, et à la différence que Gary Victor met en scène avec une plume totalement libre et d’une vivacité digne de la comedia dell’arte. » Valérie Marin La Meslée, Le Point, novembre 2018
Originaire de l’île d’Anjouan, aux Comores, Ali Zamir surgit sur la scène littéraire
française avec Anguille sous roche, publié en 2016 aux éditions Le Tripode et
aussitôt
récompensé par le Prix Senghor du premier roman francophone et par une mention
spéciale
du jury du Prix Wepler. L’année suivante, il publie Mon Etincelle,
chez le même éditeur
qualifiée « d’histoire d’amour des plus extraordinaires » par l’écrivain Alain
Manbackou.
Avec ce troisième roman, lauréat du Prix Roman France Télévisions 2019, Ali
Zamir
confirme sa place très originale dans la littérature francophone, son don pour les
récits incongrus et l’usage de mots rares. Dans
Dérangé que je suis, la vitalité de sa
langue se met au service de l’histoire tragi-comique d’un pauvre docker. Le mélange des
genres et, la puissance ininterrompue des scènes font de ce roman-film virevoltant un
bonheur de lecture.
Dérangé, docker crève-la-faim sur le port de Mutsamudu, propriétaire d'un
misérable
petit chariot, guigne, non sans mal, le client sur les quais. Or, voici qu'il tape dans
l'œil d'une femme sublime qui débarque… Sa vie va basculer à cause de cette femme, de
celles « qui ravagent tout sur leur passage ». Les péripéties du personnage, menées à
fond de train, sont aussi celles d’une langue qui se réinvente en battant le rappel des
plus beaux archaïsmes de la langue française.
« Ces archaïsmes ajoutent à la drôlerie d'une farce contemporaine qui, d'un instant à l'autre, va virer au drame. En même temps que Dérangé rejoint les grands ingénus de la littérature, Ali Zamir revitalise la langue française en la plongeant, pour notre bonheur, dans l'océan Indien. C'est la fête. On vous y attend. » Jérôme Garcin, L’Obs, janvier 2019
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LES RENCONTRES LITTERAIRES EN GUADELOUPE
LES RENCONTRES SCOLAIRES
Manifestation populaire qui place la littérature à la portée du plus grand nombre, le Festival Écritures des Amériques s’adresse nécessairement au jeune public qu’il met en relation avec des auteurs contemporains d’horizons et de langues d’expression variés.
Dans la continuité des éditions précédentes mais, avec une intensité accrue par les nouveaux territoires qu’il aborde, le Festival s’attache, par la multiplication des propositions d’interventions et d’ateliers d’écriture, à créer les conditions de l’indispensable rencontre entre les classes des académies de la Guadeloupe et de la Martinique et la littérature contemporaine.
Grâce à l’adhésion des chefs d’établissements et de la direction des universités, le travail pédagogique de préparation de ces rencontres, mené par un comité de pilotage dirigé par Sandra Araminthe et Marie-Alice Mouchart et, toujours adossé aux textes officiels des programmes, manifeste l’ambition de favoriser l’instauration d’un nouveau rapport à la littérature, en invitant les élèves et les étudiants à dialoguer avec les écrivains.
Convaincus de l’action du comité de pilotage auquel participent les professeurs de collège, de lycée et d’université : Anne-Cécile Favreau, Caroline Gracia, Fanny Margras, Nathalie Rameau, qui s’attachent au déploiement et au suivi de l’action pédagogique, deux établissements apportent, au travers de l’engagement de leurs proviseurs, un soutien privilégié au Festival :
Le lycée Faustin Fléret de Morne-à-l’Eau tout à la fois ancré dans son territoire et ouvert sur l’extérieur, riche de ses spécificités et du dynamisme des équipes pédagogiques. Le lycée propose ainsi une section Arts Danse, des sections euro-caribéennes et est lié à Sciences Po Paris par une convention d’Education prioritaire.
Enseignants et direction de l’établissement ont toujours œuvré à la rencontre avec les romanciers contemporains, convaincus que le jeune public qui lui est confié a « besoin d’un contact avec une culture vivante, de rencontrer des auteurs et des livres qui n’ont pas encore le statut de classiques […] » (Ph. MEIRIEU)
Pour sa part, le Lycée Sonny Rupaire de Sainte-Rose, établissement public local d’enseignement (E .P.L.E.) réserve également un accueil enthousiaste aux écrivains du Festival.
Fidèle à sa vocation d’accompagner les élèves de milieu modeste vers la réalisation de leurs projets personnels, il les prépare au Brevet d’Initiation Aéronautique (BIA), s’inscrit dans plusieurs programmes d’excellence et est en passe de devenir un établissement pilote pour le numérique.
LES PARTENAIRES AU SOUTIEN DE L’EDITION 2019
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